1er BOUCLE
Projet sélectionné (Runner-up) EUROPAN sur le parc des boucles de l'Isère
BOUCLE PLANÉTAIRE
Alors que nous sommes rentrés dans l’ère de l’Anthropocène, nous constatons qu’il devient vital pour nos sociétés humaines de se réapproprier leurs territoires, ici, la plaine des boucles de l’Isère. Le dernier rapport du GIEC confirme que le fondement de notre résilience réside dans notre rapport au vivant et aux fonctions bénéfiques assurées par les écosystèmes comme le traitement de la ressource en eau potable qui en découle, notamment, face aux sécheresses hivernales, fonte des glaciers de haute montagne, baisse des niveaux des nappes phréatiques, etc… De fait, cette résilience est ici un processus de préparation aux crises à venir, qui se manifeste par des événements climatiques extrêmes de plus en plus courants particulièrement visibles dans les grands massifs montagneux autour du globe qui sont également aujourd’hui les premiers réservoirs d’eau potable menacés sur la planète. La thématique de la ville vivante convoque la question de l’habitabilité des territoires, celle-ci raisonnant aussi bien à l’échelle planétaire, que celle des Alpes et de la biorégion Grenobloise. C’est au travers la notion de boucles, aussi bien physique que théorique, que nous appréhendons ces échelles. Elle offre une vision systémique, métabolique et multiscalaire nous permettant d’envisager différemment nos actions.
BOUCLE ALPINE
Les Alpes sont, en Europe, les premières concernées par ces changements majeurs (+2 °C en 150 ans). Cette cité majeure de la vaste plaine alpine est en effet un carrefour, voire une confluence, aussi bien climatique que physique, en bordure de l’arc alpin. De cette situation résulte dès lors un climat caractéristique d’une cuvette alpine : une plaine surchauffée l’été et parcourue par des courants d’air glacials en hiver. Cette géomorphologie singulière provoquera à l’avenir une accentuation des phénomènes climatiques extrêmes. En effet, plus de 45 jours de canicule sont attendus à Grenoble d’ici 2050. Des stress hydriques intenses sur sa rivière principale, l’Isère, sont également prévisibles du fait de son régime pluvio-nivale, en lien direct avec les pluies et la fonte des neiges et glaciers. Cette modification du cycle hydrologique entraînant notamment plus d’étiages estivaux et moins d’étiages hivernaux amènent à une situation paradoxale, où des phénomènes de sécheresse et d’inondation se succèdent et s’intensifient.
BOUCLE BIORÉGIONALE
Pour aborder les enjeux du parc des boucles de l’Isère, il semble primordial de porter un regard sur le paysage métropolitain et au-delà (bassin de vie) pour comprendre le contexte territorial dans lequel s’inscrit ce futur parc.
Nous appréhendons les territoires de Grenoble comme une biorégion urbaine. Ce concept développé dans l’ouvrage intitulé La Bioregion Urbaine, petit traité sur le territoire bien commun, par Alberto Magnaghi, est un instrument qui nous permet d’envisager un moyen pour concilier des réalités géographiques variables et des récits à inventer pour construire collectivement de nouveaux espaces à habiter. Par cette inscription dans l’arborescence des vallées, plaines et plateaux de l’arc alpin, le territoire dans lequel s’établit le parc peut être identifié par 2 indicateurs fondamentaux de l’établissement du vivant : sa géographie naturelle et sa géographie humaine. Une vision également fondée sur le bassin-versant permet de penser le parc des Boucles de l’Isère dans le métabolisme urbain plus large du territoire. Il devient ainsi un maillon périurbain dans la chaîne productive régionale agricole et industrielle. Vecteur d’une économie de conservation des ressources, il se positionne comme un lieu phare de coopération et d’échanges visant la symbiose plutôt que la polarité, la diversité à l’instar de la monoculture.
BOUCLE DE LA FIGURE BIORÉGIONALE
La métropole Grenobloise est riche de sa diversité de paysages et de sols. Nous avançons ici l’hypothèse d’un changement de paradigme où la considération du paysage et de ses usages associés façonne la ville. Il semble que penser la notion de paysage vivant, comme matrice pour projeter les espaces publics, ne peut se faire, selon nous, qu’à partir du sol vivant et, non plus, sur le sol. Au-delà de la vision utilitariste des sols vivants, nous prenons parti, dans ce paradigme, d’articuler sol et paysage dans le but de prendre soin et d’enclencher un ré-ancrage territorial. Cela demande d’inventer de nouvelles manières d’être au monde au regard de l’expérience sensible face aux paysages contemporains de l’Isère comme héritage. Cette démarche de reterritorialisation, oblige une considération du « déjà-là » et des espaces projetés dans des cycles naturels pour orienter les décisions de gestion et d’usage de ces lieux. Elle implique d’adapter nos modes de vie (consommation, habitat, déplacement, loisir…) à ces boucles naturelles.
L’objectif est donc de renforcer la valeur territoriale des espaces ressources, comme le parc des boucles de l’Isère, dans leur diversité géographique, leur héritage contemporain et dans leur capacité d’évolution face au changement climatique. C’est en devenant une maille de la figure biorégionale que ces espaces se renforcent et deviennent une structure vivante aux marges de l’agglomération.