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SORTIR, TRAVERSER, RENTRER MOUILLÉ

Contrat local d’éducation artistique (CLEA) Béthune-Bruay-Artois-Lys-Romane

« Le rêve attaché et inspiré d’un vécu, devient une dysmorphie du réel. Notre démarche artistique en paysage joue constamment sur ce fil. »

I/ Sortir

 

Le thème proposé pour ce contrat local d’éducation artistique, “un temps pour rêver”, nous invite à ralentir pour réfléchir à nos futurs, à prendre le temps de raconter des histoires et d’en créer entre nous. Ce temps pour rêver est une formidable occasion de le faire à l’extérieur. La crise sanitaire nous l’a bien démontrée, nous sommes malheureux quand nous sommes loin les uns des autres ne pouvant communiquer que par applications interposées. Alors sortons, chaussons-nous, vêtons-nous et sortons !

 Les « gestes artistiques » à réaliser en extérieur, pensé, effectué et partagé en commun est un moyen de s’approprier l’espace public par tous.tes. La volonté exprimée dans cette résidence CLEA est explicite. C’est bien vers une démocratisation ainsi qu’un accès égalitaire à l’art et à la culture qui y est promu. L’espace public devient un véritable espace de laboratoire où le dialogue peut s’amorcer par ces « gestes artistiques ».

Au cours de cette résidence, nous avons coconstruit des imaginaires communs autour de plusieurs productions et gestes artistiques maturés à l’extérieur. Ainsi, pour s’ouvrir à une démarche artistique, nous avons travaillé sur deux temps d’atelier : les gestes artistiques vif et le geste artistique lent.

 

II/ Traverser / le geste artistique vif

 

Objectif ? : Être à l’aise, oublier sa timidité, se reconnecter à soi-même, aux autres et au monde, comprendre son espace de vie. 

Où ? : Dehors

Comment ? : Balades contées, balades dessinées, protocole de déambulation, séances d’écoute et de relaxation, protocole d’échange oral. 

 

La communauté de commune de Béthune-Bruay, positionnée au cœur de l’Artois, en équilibre entre les plaines des Flandres au nord et la Picardie crayeuse au sud, possède une richesse et une grande diversité de paysages. Campagnes bucoliques, petits bourgs, mais aussi une terre de mémoire, avec le passage de la guerre de cent-ans, les exploitations minières, ou encore les pratiques agricoles entre openfield et prairies. Mais ce sont les marais, et plus généralement, l’ensemble des trames vertes et bleues du territoire à laquelle nous nous sommes accrochés pour parler de continuité entre les paysages. Ces espaces pluriels et singuliers, jouant avec l’histoire, la topographie, la culture, sont autant de lieux desquels peuvent émerger un imaginaire collectif, une histoire que l’on pourrait se raconter. Nous avons alors sauté à pieds joints dans les marais artésiens, pour commencer à réveiller nos imaginaires et enfin prendre ce temps pour rêver. Une traversée n’étant jamais indolore, c’est bien grâce à elle que le corps peut s’ouvrir, que les sensations vont s’aiguiser, enfin que les émotions commenceront à naître. 

 

III/ Rentrer mouillé / le geste artistique lent

 

Objectif ? : Retranscrire une traversée en se mettant dans la peau de ….

Faire parler le territoire, se rassembler autour d’une identité commune.

Où ? : En atelier

Comment ? : Séances d’écriture individuelles et collectives, cadavres exquis, séances de dessin, de peinture, écriture et répétition d’une petite pièce de théâtre, cocréation d’une scénographie, 

 

Les bottes remplies d’eau, enfin la tête pleine d’images, de sons et de parfums, nous pouvons rentrer. 

Le rêve attaché et inspiré d’un vécu, devient une dysmorphie du réel. Notre démarche artistique en paysage joue constamment sur ce fil. Dans nos pratiques professionnelles, nous sommes appelés à construire et déconstruire un imaginaire, à le raconter, à le questionner, à en faire part à d’autres personnes et à le mélanger avec le leur. Nous ne faisons finalement qu’encourager chacun.e à poursuivre et à modeler son propre imaginaire. Ainsi, c’est après avoir fait l’éponge, ou autrement dit, après avoir emmagasiné un grand flot de perceptions sensorielles au contact de notre lieu de vie que le matériel emmagasiné à chaud peut faire naître un imaginaire à froid plus confortablement installé. Quand les sorties en extérieur sont un formidable moyen pour créer des œuvres éphémères en profitant d’une émulsion de groupe, le retour en atelier lui est essentiel pour atterrir et commencer à construire un projet artistique plus durable.