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Le Jardin Phénix

Lauréat du 23e festival des jardins de la saline royale d’Arc-et-Senans « Peinture et poésie »

Si les maisons sont inamovibles, leur jardin, eux, puisqu’ils sont vivants, contiennent le potentiel pour muter. Peut-être que demain, lorsque le pavillon deviendra ruine, le jardin lui s’érigera.

Le jardin phénix explore la poétique habitant la monoculture du pavillon péri-urbain. La maison phénix est un système duplicable :

Maison, jardin, haie, clôture, comme typologie lambda. Conçu comme le décor d’une vie à la maison, le jardin en est un tableau aux codes de composition très précis, hérité d’une culture pavillonnaire. Ce tableau est entretenu, rigoureusement. Dans cet univers de similitudes, segmenté de haie comme remparts pour une intimité recherchée, quelques poésies s’écrivent. On retrouve alors des histoires, racontées par les habitants-paysagistes au travers de leur jardin, qui exprime des façons d’être au monde. Les jardiniers de ces histoires, occupants des pavillons, fabricant de poésie, les voici : l’anti-jardinier, l’éco-centré, le collectionneur ou encore, le jardinier se donnant en représentation.

Le modèle « maison phénix » tend aujourd’hui à s’essouffler, comportant son lot de désillusion. Le projet questionne le devenir de ces espaces où l’on se cache à l’abri de sa haie, dans le bocage pavillonnaire. Si le concept du pavillon tombe en ruine, son jardin deviendra-t-il l’espoir de la maison phénix ? Le jardin phénix expérimente des issues, par la ruine du jardin, des codes du pavillonnaire. Ici « ruiner » ne signifie pas l’abandon physique, mais un abandon du concept. Pour ce faire, l’attention est portée sur la haie, autrefois « mur vert », seul bien commun en la possession des habitants. Épaisse et pluri-strate, elle devient l’espace d’expressions des différentes poétiques des habitants-paysagistes. Par l’entretien, d’autres poésies s’invitent : les pelouses mutant en prairies, la végétation spontanées se mêlant aux spécimens archétypaux du pavillon, etc. Le jardin phénix naît de cette ruine du modèle, renfermant l’entre-soi, permettant aux jardins ainsi qu’à leurs maisons de renaître de leur cendre.